JOUR 2 = Mémoire, Picasso et Montmartre.

Les élèves de terminale, avec Mme Forgeron, sont allés visiter le musée Picasso, pour comprendre un artiste dans son temps. On évoque ici un dessinateur de talent, initiateur du cubisme, peintre surréaliste, sculpteur qui a profondément bouleversé l’art du XXe siècle. Il est reconnu pour sa capacité infinie à innover, à devancer ses contemporains tout en dialoguant avec la peinture des maîtres anciens. De ruptures en ruptures, l’artiste a constamment renouvelé le rapport de l’art à la réalité, à l’histoire. Les Demoiselles d’Avignon (1907) et Guernica(1937) comptent parmi les œuvres les plus importantes du siècle. Les élèves de 1ère HIDA ont mis en avant une autre œuvre, « Le Charnier » (1945), dans l’exposition de la médiathèque pour évoquer la mémoire de la guerre et de ses violences. Les élèves ont découvert nombre de ses toiles et dessins dans ce lieu magnifique.

Les élèves de 1ère et de 2nde, se sont rendus au MAHJ (Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme), faisant une nouvelle fois un lien avec l’exposition sur la mémoire. Après un atelier collectif pour définir cette notion de mémoire et de lieux de mémoire pour les différencier du simple souvenir, la visite de ce musée a mis en évidence la vie des familles juives en 1939 et aussi la montée de l’antisémitisme, l’exclusion de la vie économique et sociale (le musée est à l’emplacement d’anciens commerces et d’artisans juifs), les persécutions et la déportation. La guide a aussi donner des précisions sur la cuture hébraïque, la vie de ces familles pour beaucoup venues d’Europe de l’Est au début du XXe siècle pour fuir les pogroms. La France et Paris, comme beaucoup d’artistes de cette époque comme Soutine ou Chagall, étaient vus par les juifs d’Europe de l’Est comme des lieux d’accueil et protecteurs. Ici, les élèves ont pu faire le lien ente l’histoire et l’art, notamment « en rencontrant » l’Enfant Didi, célèbre statue de bois de Chana Orloff, sculptrice juive qui a échappé à la rafle du Vel d’Hiv de juillet 1942, artiste qui apparaît dans les derniers panneaux de leur exposition pour le thème de la spoliation et de la restitution des œuvres. Après 15 ans de bataille juridique avec son propriétaire américain, la famille a pu récupérer cette statue qui représente son fils à l’âge de trois ans et la prêter au MAHJ.

Le mardi après-midi, nous avons déambulé dans le quartier Montmartre, quartier des artistes du début du XXe siècle, surtout avant 1914. Il faut savoir que ce quartier était une commune indépendante jusqu’à son rattachement à Paris en 1860 et au 18ème arrondissement. Il a longtemps été d’allure rurale et surtout vu comme un quartier aux loyers abordables, idéal pour les « artistes fauchés ». Nous avons pu visiter le musée Montmartre, y découvrir d’autres œuvres de Suzanne Valadon, celles de son second mari André Utter et de son fils Maurice Utrillo. Ce musée a aussi reconstitué, à l’étage, l’atelier de Suzanne Valadon dans lequel se mêlent toiles, matériels pour peindre, meubles et coin pour dormir ; tout cela derrière une verrière qui donnait sur les vignes de Montmartre (il en reste seulement une aujourd’hui).

C’est aussi le lieu emblématique de cités d’artistes comme Le Bateau Lavoir, créé en 1904 comme lieu de réunion et de création de nombreux artistes peintres et sculpteurs français et étrangers tels que Picasso. Des gens de lettres, de théâtre et des marchands d’art fréquentaient aussi ce lieu.

C’est aussi le lieu des cabarets comme le Chat noir, dans lesquels le vin et les repas étaient bon marché, où les ouvriers et les artistes se mélangeaient, buvaient, mangeaient et surtout chantaient les rengaines populaires. Nous avons eu la chance de visiter le Lapin Agile, cabaret existant depuis la fin du XIXe siècle, toujours en activité aujourd’hui, dans la même rue que la maison occupée par Auguste Renoir. Enfin, c’est aussi le quartier qui a vu le déclenchement de la Commune de Paris en 1871, fortement réprimée par la IIIe République naissante, sur fond de fin de guerre avec la Prusse. Pour se déculpabiliser, mais surtout pour écraser ce Paris populaire et révolutionnaire, on fit ériger la Basilique du sacré Cœur, sous la direction de Paul Abadie, architecte charentais, pour une durée de 48 ans. L’édifice sera officiellement terminé en 1923.