Les sections arts se sont rendues ce jeudi 6 décembre dans la capitale afin d’y apprécier les œuvres originales dont nous leur projetons continuellement les reproductions.
Dès leur arrivée, au Centre Pompidou, plasticiens et historiens des arts ont suivis les pas de guides conférenciers avertis et captivants. Art et philo / années 50, chaque groupe a pu ainsi aborder les collections permanentes modernes et contemporaines sous un angle propre aux programmes de l’année, parfaire ou aiguiser leurs connaissances sur des points de culture artistique incontournables.
Dans le tableau de W. Kandinsky, Les impressions, 1911, des couleurs variées se donnent à voir, des lignes brisées, mais quel sens a cette peinture ?
“L’important n’est pas de savoir, mais de voir.”Picasso “C’est le regardeur qui fait l’œuvre.”Marcel Duchamp
Face à cette toile abstraite, les couleurs apparaissent, complémentaires, vives, organisées ? Ne serait-ce pas des silhouettes d’équidés, là, devant cette montagne rouge. Abstraite, ou figurative, où est la réalité ? Voici que les œuvres nous proposent plusieurs manières de regarder le monde. Une habitude du regard nous fait voir un paysage. Voilà alors une réalité, transposée. Les couleurs ont toujours eu rapport aux émotions. Ces émotions restent très culturelles. Pour Bergson, la peinture, plutôt que de montrer les éléments à l’origine d’une émotion, doit tout simplement traduire l’émotion en formes et couleurs. Si les avant gardes s’éloignent du réel, elles en sont toujours dépendantes quelque part.
Au gré des salles modernes du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, nous croisons le chemin d’Ernst Ludwig Kirchner. Son ‘bleu Goethe’ et toutes les souffrances du jeune Werter en background. Quelle tristesse ! A présent, nous voici cinéaste. Qu’imaginer de l’histoire de cette femme vue de dos ? une projection dans le tableau : un fort contraste, entre corps et âme, une double identité ? Pour Jean Cocteau, “Les miroirs feraient mieux de réfléchir avant de renvoyer notre image”, n’est-il pas ? A l’opposé strict des splendides odalisques du XIXe siècle, Kirchner dépeint ainsi une muse à double facette, dont le miroir renvoie l’appel au secours. Déchirante vanité.
Dès la Renaissance, la peinture se veut miroir ou plutôt fenêtre ouverte sur le monde.
Ici l’artiste, issu de die Brücke, le pont, pose des jalons de l’expressionnisme, en s’inspirant de son amante, Irma Schelling, artiste de cabaret, belle, irradiant de vitalité au grand jour, mais terriblement déprimée dans l’intimité sombre du quotidien. La Melancolia d’Albrecht Dürer déjà laissait percevoir la projection de l’autre dans cette figure à l’humeur noire. Le peintre donne ici à voir le tempérament mélancolique du modèle par une puissante déformation de la réalité.
État d’âme, état de l’inconscient mis en forme, en image(s), nous voici à présent face à l’atelier d’André Breton, fondateur du surréalisme, avec son manifeste de 1924. Non loin des recherches d’un Sigmund Freud, comment introduire un élément qui perturbera une logique du réel ? En réunissant par exemple des objets qui n’auraient rien a voir ensemble, quelque chose d’automatique qui servirait à exprimer le réel fonctionnement de la pensée, “Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie” (I Ducasse, dit Comte de Lautréamont). Sans tabou, hors norme, les surréalistes exhibent le soi, dans une sorte “d’extimité”.
Ainsi en est-il d’un Salvador Dali, dans sa toile Guillaume Tell, où l’artiste articule une savante démonstration de sa théorie d’une “paranoïa critique”, le monde perçu à travers ses obsessions, tout en se référant à Michel Ange et sa Chapelle Sixtine. Enfin, il en va ici d’un jeu avec les mots et le langage ou comment détaché signifiant du signifié ?
La visite édifiante s’est achevée sur une œuvre contemporaine de Joseph Kossuth, l’un des principaux théoriciens de l’art conceptuel.
L’art se fait idée, devient idée-même.”Les limites de notre monde sont les limites de notre langage”. Wittgenstein.
Chaque section s’est ensuite orientée vers une destination reliée précisément aux programmes limitatifs de terminale : La Sainte Chapelle, pour les historiens, le musée Rodin, pour les plasticiens.
Le Palais de Tokyo a réuni les 2 groupes pour une exposition extraordinaire de Tomas Saraceño
“On Air”
Ou comment trouver une alternative à l’ère anthropocène que nous traversons, grâce à” l’aérocène” ?
Les toiles d’araignées ornaient les musées, mais loin d’être poussiéreux, ces derniers nous propulsèrent vers un futur léger, si ce n’est radieux !
Mme Renault