Delphine Lagrange, professeure de SVT, a proposé à ses élèves de terminales dans le cadre de l’enseignement scientifique de participer à un Prix de Sciences qu’elle a créé avec l’aide d’Anaïs Combeau de la librairie Lilosimages et les professeures documentalistes. Il s’agissait pour les élèves de lire quatre romans graphiques ayant pour thème les sciences et de voter courant mai pour son roman préféré.
Vous retrouvez la sélection du Prix sur notre page E-sidoc.
Le livre gagnant est le roman graphique Les Fées scientifiques, écrit et dessiné par Zoé Sauvage.
C’est donc cette autrice dessinatrice que les élèves ont rencontré ce jeudi 30 mai à la médiathèque.
L’interview a été conduite par Anaïs Combeau.
Zoé Sauvage a d’abord commencé une carrière scientifique, jusqu’à son master 2 puis elle s’est dirigée vers un travail artistique en se formant au story-board, à l’audiovisuel et à la BD.
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Comment est venue ton idée d’écrire de la fiction ?
Le personnage de « Zoa » dans le roman graphique est issu de mon expérience scientifique. Il y a une volonté scientifique de vulgarisation. Zoa fait plusieurs rencontres qui lui ouvrent l’esprit. Les femmes scientifiques deviennent ses « bonnes fées » .
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As-tu pensé au roman d’Ernest Callenbach, quand tu as décidé de nommer la réserve naturelle «Ecotopia » ?
Non, je ne connaissais pas ce roman au moment où j’ai réalisé Les Fées scientifiques. Ecotopia est un parc naturel sauvage protégé du monde des humains. J’ai eu une expérience en Nouvelle-Zélande où j’hésitais à marcher de peur d’abîmer les mousses. Mais cela remet en cause notre vision car le parc Ecotopia dans mon livre est fermé aux humains, de façon autoritaire. Il y a une réflexion sur l’enfermement de la nature est-ce la solution ? C’est de la dystopie.
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Pourquoi avoir choisi la date de 2037 ?
Dans mon roman graphique les humains vivent dans des grandes villes, ils n’ont plus accès à la nature. 20 ans peut paraître une période longue mais finalement cela arrive vite également.
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Par rapport aux comportements sexistes que subit Zoa, penses-tu que les choses sont en train de changer dans le domaine scientifique ?
Il y a autant de filles que de garçons qui suivent les filières scientifiques après le bac mais elles sont moins nombreuses au niveau master. Il reste des préjugés et l’autodépréciation féminine est toujours d’actualité. Le personnage de Zoa doit faire ses preuves. Il est nécessaire de se soutenir entre femmes.
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Pour la partie artistique de ton travail, comment t’y prends-tu ?
Il y a un gros travail de recherches scientifiques. J’ai mis 9 mois pour le storyboard et 9 mois pour les dessins. Je décalque à la table lumineuse, j’ajoute ensuite sur une autre feuille les couleurs avec les pastels secs, je fais moi-même les bulles. Je cherche un aspect authentique, fait mains, mais c’est long !
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Quelles sont tes actualités ?
J’ai un livre de SF qui doit sortir dans environ deux ans chez Casterman, dont l’histoire est inspirée de recherches en écologie, et mettra en scène une héroïne à trois âges de sa vie. J’ai encore plein d’idées pour des albums jeunesse, des adaptations de nouvelles, des romans.
Les élèves se sont prêtés au jeu, ils ont apprécié ce moment d’échanges et sont venus en nombre voir les planches originales de l’autrice.
Le mot de la fin revient à Mme Lagrange : « On peut être scientifique mais sans rester dans sa bulle de sciences ». Double allusion pour cette BD !
Zoé Sauvage nous a fait l’honneur de dédicacer deux exemplaires de son roman graphique.
N’hésitez-pas à venir les découvrir à la médiathèque !