Danse et arts plastiques : retour sur atelier

Comment inscrire son geste dans l’espace ? Comment un mouvement laisse-t-il une trace ? Ce sont les questionnements développés par les terminales de spécialité lors de la 2nde semaine de résidence de la danseuse et chorégraphe Léa Bonnaud, Compagnie Zone d’Appui Provisoire, de Poitiers. (soutenu par un financement de la Région Nouvelle-Aquitaine)

Comment dessiner ? Penser d’abord au trait peut emmener à changer d’orientation. Où sera votre feuille ?

Suite à sa 1ère semaine d’intervention, il devient envisageable pour les élève que l’on puisse mêler le dessin même et son processus de réalisation dans une oeuvre plasticienne.

Ce Mercredi, Léa nous présente Laban, théoricien du mouvement en danse. Celui-ci conçoit une kinésphère : du grec, kiné = mouvement, sphaira = boule, globe. L’espace tout autour de nous englobe nos mouvements, là où se meut notre corps.

 

Laban considère l’espace comme une matière vivante à contourner, fendre ou creuser. Pour penser le corps dans l’espace, Laban l’envisage selon un centre et une périsphère (+ les différentes parties médianes du corps). Il considère les mouvements transverses, entre le centre et la périphérie. Pour le théoricien, il s’agit d’écrire la trace et la trajectoire du geste, du corps, dans la kinésphère. Pour les élèves, penser les empreintes dans l’espace qui nous entoure pour élaborer le geste. Les mouvements deviennent palpables et révèlent une certaine qualité de contact avec l’espace (environnant).

Grâce à 3 polyèdres pour identifier les traces du mouvement : un cube, un octaèdre et un icosaèdre, Laban localise les mouvements du danseur dans l’espace et dans le temps. En créant à partir d’eux un ensemble de signes de direction, il définit graphiquement les trajectoires du mouvement, dans un espace matérialisé, à l’architectonique vivante et modulable.

Emma relève « l’importance de la géométrie » dans ce travail d’écriture.

Léa introduit des précisions sur les possibles qualifications du mouvement.

Puis dans le cadre d’une étude d’un dessin génératif (qui pense sa propre formalisation, programme limitatif de spécialité), « Imaginez des protocoles pour inscrire vos gestes et mouvements sur le support. »

Les élèves passent par l’expérimentation corporelle. Dans un 1er temps, ils n’usent d’aucun outil scripteur, juste le corps et l’espace scénique.

Puis Léa propose des « outils «  pour l’écriture du protocole :
1. Définir son support. Quelle taille ? Ou le placer ? Un format ? De nombreux petits formats ?
2. La trace se fait-elle seule ? Définir l’outil graphique requis.
3. Quel(s) partie(s) du corps utiliser pour tracer ? Le définissez-vous, ou le laissez-vous indéterminé ? Comment tenir l’outil ?
4. description du geste ?
5. Qu’est-ce qui détermine le début et la fin du dessin ?


Plusieurs étapes s’ensuivront : – Expérimentation sous forme de brouillons au format imaginé par les concepteurs du protocole – Chaque protocole est joué et interprété par une équipe qui ne l’a pas rédigé. – Chaque protocole est joué par son équipe de concepteurs.

A chaque étape, 2 cameramen filment de 2 points de vue différents la performance. Les cameramen s’enchaînent, conservent des traces filmiques, tandis que les élèves non acteurs sont spectateurs des restitutions.

Originaire de l’Idaho, Heather Hansen est une artiste américaine qui expérimente le dessin cinétique grâce à la dance. Elle présente à travers le monde ses larges tableaux dessinés au charbon, sans autre matériel que son propre corps à même le sol. Son projet, intitulé Emptied Gestures en 2013, présente des performances très physiques car son corps doit enchainer un ensemble de mouvements répétitifs pour obtenir des tracés sur une grande toile de papier géante posée au sol.

https://vimeo.com/100439197

Tony Orrico, de Chicago, a lui créé la série Penwald Drawings où il se sert de son corps comme une forme de mesure. Orrico effectue une série de mouvements avec ses bras tendus qui créent des formes. Il les utilise ensuite pour concevoir des œuvres géométriques via la symétrie de son corps en tournant sur lui-même, tel un spyrographe humain.

Penwald: 6: project, recoil | 2011
Performance, graphite on paper
90 min
60 x 180 inches
Impressions
Penwald: 6: project, recoil
(WhyNot!, W139, Amsterdam, NL) 2011

Sa technique est donc d’effectuer de nombreux mouvements avec ses bras tendus et en utilisant que ses poignets. Ce travail étonnant peut durer de quinze minutes jusqu’à sept heures.

Cet atelier a permis aux élèves de constituer une matière filmique conséquante. Actuellement les différentes équipes d’élèves travaillent sur le montage de films restitutions de leurs performances collectives.

à suivre