Anana VS Bilbao,
du sensible à fleur de peau au conceptuel et à ses exigences formelles
Une visite surprenante dans notre parcours artistique à travers la péninsule ibérique : les salines de Añana, à 30 kilomètres de Vitoria, plus de 6500 ans d’histoire.
Elles se présentent aux regards plasticiens telle une installation LandArt, earthwork à l’échelle du paysage, façonnées par des générations de paludiers.
De la dégustation du sel à la révélation des saveurs, la fleur de sel s’appréhende par le fragment : forme, texture, durée en papilles, dissolution du gemme en bouche. Cette entrée en matière laisse transparaître le site de la ville de Salinas de Añana dans sa substance même.
Parcourues en parapluies, d’étranges structures en bois peintes de blanc jalonnent la vallée salée : aires-piscines, puits, canaux, systèmes d’irrigations, sentiers et magasins.
L’extraction du sel s’y réalisait jadis par évaporation de l’eau de la rivière Muera, en tirant parti des variations du sol. Aujourd’hui, les salines se trouvent en plein processus de restauration et sont classées Monument National, en attendant une classification au Patrimoine de l’UNESCO ?
Très fort contraste, quand l’après-midi nous visitons le Musée Guggenheim de Bilbao.
Face aux déconstructions des discours idéologiques dominants grâce à l’efficacité visuelle et communicationnelle de la sphère médiatique et publicitaire, Jenny Holzer nous confronte à une réalité crue et acide dans des installations spectaculaires.
Vidéos et systèmes robotisés en espaces suggestifs invitent les observateurs à réfléchir, voire à définir leur posture face à des questions polémiques, comme la crise globale des réfugiés, la violence contre les femmes et les abus systématiques de pouvoir. Le groupe devient grave et attentif.
Une soirée en taverne permet à chacun de se détendre et d’engouffrer quelques onces de bacalhau.