Cette semaine, du 9 au 12 avril, les élèves de 2ndes option Arts Plastiques et Histoire des Arts reprennent le travail initié le 4 mars dernier, avec l’artiste Emmanuel Aragon. Installé à Bordeaux, cet artiste, plasticien et auteur, articule son œuvre autour des mots. (Voir notre précédent article sur cette journée initiale du 4 mars).

Emmanuel Aragon propose des mots pris dans son atelier, des extraits d’ouvrages et des retranscriptions d’œuvres, comme directions de travail.

Ce sont d’abord des mots personnels que les élèves ont travaillés ce mardi : mots-abris, mots-refuges, ces mots résument à eux seuls la paroi de verre entre le monde et nous. Puis, de ces mots travaillés sous différents formats, sont sorties des images, des mots-images en grand format. D’autres figures que leur propriétaire, lecteurs-spectateurs, ont pu s’approprier.

Accrochés à l’extérieur de la salle 118, ils ont d’ailleurs interrogé ceux qui fréquentent ce couloir. Cette étape du travail est donc devenue, pour quelques heures, un accrochage éphémère, le temps de nous faire réfléchir sur la composition et la mise en espace d’œuvres textuelles.  

En début d’après-midi, des fragments issus de L’Heptaméron, œuvre inachevée de Marguerite de Valois et publiée en 1559, ont été lus, majoritairement en français moderne et un fragment plus long en français ancien. Chacun s’est emparé d’un des extraits pour le faire sien : interroger son sens, transformer certains vocables, s’approprier le message et proposer ses propres mots dans ceux de la reine de Navarre, comme on met ses pas dans les empreintes d’un autre. Les lignes du texte pris, repris, corrigé, précisé ont été écrites, plutôt peintes à l’encre noire ou au brou de noix, au pinceau, sur de longues bandes de papier blanc, écho de bien d’autres bandelettes de papier de notre histoire. 

 

Mercredi 10 avril, le groupe d’élèves d’Arts Plastiques et d’ Histoire des arts débute la journée par la découverte du lieu d’accueil de l’œuvre collective qui se construit. Il s’agit d’un mur, précisément celui de la passerelle entre les bâtiments E et B, entre le 1er étage de l’un et le 4ème étage de l’autre. Une passerelle, c’est-à-dire un mur d’un côté, des vitres encadrées de métal de l’autre. Ce lieu, à la fois clos et ouvert, permet d’accrocher les mots écrits à l’encre de chine et au brou de noix. L’ombre de l’armature de métal des fenêtres découpe l’espace et offre sa structure à la composition.

 

Le travail se resserre autour de références comme le mouvement DADA ou les aphorismes de Ben. Les élèves reprennent les sentences de Marguerite de Valois retravaillées la veille. Cette fois, la généralité disparaît au profit d’un dialogue : je, tu, nous interpellent le lecteur. Ces formules seront gravées, peintes, découpées. Trois groupes se forment : l’encre, la gravure et le blanc de Meudon. Un groupe se dédie à travailler les mots sur les vitres du couloirs au blanc de Meudon, pour que la lumière naturelle du jour découpe la graphie. Une écriture solaire, que nous découvrirons à la lumière des matins suivants.