Les élèves d’HIDA sont au RDV ce samedi 17 septembre pour accueillir les visiteurs. Les sections arts plastiques et HIDA ont étudié ces 1ères semaines les objets remarquables du Lycée. Ce matin, les terminales et premières spécialité histoire des arts volontaires sont accueillis dès 10h. Jus de fruits et sucreries, avant de s’égrener tout au long du parcours imaginé par les lycéens pour dire l’histoire de l’établissement et de ses collections. Suivez le guide ! …
Le parcours commence devant le Lycée :
Chapelle St Roch – Blason -Saint Roch – Statue- rue Lériget
Nous sommes à l’endroit où a été construit en 1623, un hôpital qui recevait les pestiférés (fondé par Gabriel Houlier). Il n’en reste que la chapelle, appelée Chapelle St Roch.
Deux cimetières entouraient l’hôpital. L’église a du être partiellement reconstruite en 1759. Jusqu’à la Révolution, ce sont les Capucins qui desservaient la chapelle.
On peut remarquer sur la façade deux fenêtres basses qui permettaient aux lépreux d’assister aux offices sans contaminer les ouailles.
Saint Roch était un saint au début du XIVe siècle qui a dédié sa vie à s’occuper des pauvres et des malades en parties des pestiférés. Il contracta lui-même la maladie. Un chien lui apportait tous les jours un petit pain ; c’est ainsi qu’il put survivre, et c’est pourquoi il est souvent représenté avec un chien et montrant une plaie de la maladie. Il finit par guérir, …, revint dans sa ville natale, Montpellier, où il avait fait ses études de médecine,. Mais on le prit pour un espion et il fut emprisonné. Au bout de 5 années d’emprisonnement, il mourut.
Le Blason représente la Famille Lériget, qui finança l’hôpital.
A l’intérieur de la chapelle, la statue qui occupe la niche est récente. Elle représente St Roch. A l’origine, il s’agissait de la Vierge Marie. Cette statue est actuellement dans la réserve de la société d’archéologie sur Montmoreau, à Angoulême.
La rue qui passe devant le Lycée est quant à elle très ancienne. C’est la rue Louise Lériget, du nom de la donatrice qui a permis l’agrandissement de l’hôpital dans la 2ème partie du XVIIe siècle.
ENTREE DANS LE LYCEE
Le Lycée
Au milieu des années 50, avec le boom démographique de L’après-guerre, on manque d’écoles et de collèges. On décide donc de construire un établissement scolaire de filles (l’autre établissement de la ville situé sur le site du collège Jules Verne aujourd’hui, étant trop étroit) dans le quartier Bel Air (quartier situé en hauteur où l’air est meilleur que dans la vallée). Il est construit entre 1959 et 1967, en 4 tranches par l’architecte Chaume.
Au départ, il n’y avait que le bâtiment qui est sur la gauche (aujourd’hui, collège Marguerite de Valois). Puis, les deux lycées furent construits à leur tour : Marguerite de Valois, inaugurés les 1er mai 1965 pour l’un et le 1er novembre 1965 pour l’autre.
Du nom de Lycée Bel Air, initialement, le nom de Marguerite de Valois lui a été attribué en 1960 par le ministre de l’éducation nationale, Mr Paye.
En effet, Marguerite de Valois (1492-1549) est une figure majeure d’Angoulême (à ne pas confondre avec la Reine Margot, femme d’Henri IV). C’était la sœur de François 1er, célèbre femme de lettres, auteur de l’Heptaméron ; elle joua un grand rôle politique. Elle fut la mère de Jeanne d’Albret, elle-même, mère d’Henri IV.
Le batiment du lycée s’inspire de l’architecture moderne ainsi que bon nombre d’architecture en France durant les 30 gloruieuses : optimisation de l’espace pour une architecture fonctionnelle et efficace. Elle est constituée d’une ossature aux armatures d’acier noyées dans le béton. La barre principale repose sur des pilotis qui ont été peu à peu comblés de parois. Les façades présentent des des fenêtres bandeaux . Tous attributs que l’on retrouve chez Le Corbusier, phare de l’architecture moderne.
Le Dé à coudre et le bâtiment vert (salle polyvalente) datent des années 1980. Ce dernier bâtiment remplaça le CDI et le bassin qui occupaient le parvis du Lycée.
– Des bassins, aux formes géométriques de style antique, étaient présents et ont été ensevelis, leur fond devait présenter une décoration de faïence commandée à une artiste angoumoisine.
– Le bâtiment vert, couvert de feuilles de cuivre, dont l’oxydation explique la couleur peu commune, est dédié à la salle polyvalente appellée Salle Andrée Gros du ruisseau, du nom de la célèbre résistante.
– Auparavant, on y trouvait donc un bassin agrémenté d’une fontaine d’où jaillissaient des jets d’eau.
Cette œuvre avait été commandée dans le cadre du 1 % artistique :
Depuis 1951, le pouvoir public soutient la création et sensibilise le public à l’art de notre temps, « l’obligation de décoration des constructions publiques », communément appelée « 1% artistique » est une procédure spécifique de commande d’œuvres à des artistes qui s’impose à l’État, à ses établissements publics et aux collectivités territoriales. ( le projet de loi datait de 1936 et aboutit vraiment en 1951 grâce à l’action du sculpteur René Iché). La procédure est encadrée par le décret n°2002-677 du 29 avril 2002 modifié et les arrêtés spécifiques du ministère de la Défense et du ministère de l’Intérieur.
Guy Lartigue est l’auteur de ces sculptures qui étaient au départ une fontaine. Cet artiste est essentiellement reconnu pour ses fontaines qui « habillent » souvent des bassins ou des centres commerciaux.
Face aux sculptures, nous trouvons le hall d’entrée du bâtiment dédié à l’administration. Ce dernier abrite un Cabinet de curiosités ou Chambre des merveilles, concocté par les élèves et les artistes qui se sont succédés depuis 2017 dans le cadre du programme académique “Histoire de bahuts”.
A l’intérieur d’une imposante armoire récupérée, des spécimens des collections du Laboratoire de SVT, animaux taxidermisés ou fossiles, flirtent avec les oeuvres hybrides imaginées par les plasticiens.
L’établissement a acheté une installation à l’artiste Sarah Garzoni : “Narcisse”. Passionnée d’éthologie l’artiste assemble ici une table Singer surmontée d’une machine à coudre et la peau ainsi que la queue d’un paon. Clin d’oeil aux sections modes et maroquinerie de Jean Rostand, mais surtout pied de nez à Charles Darwin et aux origines du surréalisme. Quand elle se réfère à Isidore Ducasse et son “Beau comme la rencontre fortuite entre un parapluie et une machine à coudre sur une table de dissection.
Quand arts et sciences se rencontrent.
Puis s’enchaînent couloirs et étages au gré desquels, en avant-première, sont présentées les oeuvres commandées à trois artistes. 3 anciens élèves du Lycée, Théo Pingannaud, Xavier Bourdereau et Camille Relet, devenus photographes professionnels, ont réalisé des portraits photographiques d’anciens bacheliers du Lycée MDV pour fêter ses 60 ans en 2022. C’est donc dans cette dynamique que d’anciens bacheliers ayant passé leur examen depuis 1962 (les élèves arrivent au Lycée en 1962, le temps d’arriver en terminal …) ont été pris en photo dans toute l’enceinte du Lycée mais aussi, pour certains, dans leur environnement professionnel pour révéler le parcours de personnes ayant « navigué dans le Paquebot Marguerite ».
Un passage par la Médiathèque et ses perspectives saisissantes sur la campagne et les paysages environnants nous conduit à “l’espace artothèque”, où régulièrement, les élèves des sections art présentent et exposent des œuvres choisies parmi la collection de l’artothèque (musée du Papier d’Angoulême). D’autres expositions s’y déroulent au gré des différents projets. Actuellement, une exposition sur les “Justes de Charente” est présentée dans le cadre d’un important projet artistique avec l’artiste LN Le Cheviller.
Nous descendons ensuite vers les réfectoires de l’établissement qui abritent une mosaïque monumentale, également installée dans le cadre du 1 %. Nous avons découvert l’an dernier son auteur : Charles Gianferrari, spécialisé dans ces commandes officiels et institutionnelles. Il intervient sur de nombreux monuments des les années 1960. Son ensemble coloré aux formes géométriques douces et dynamiques animent les murs et leur donne vie grâce au rythme généré par la déclinaison de cercles et de courbes.
Enfin, nous longeons l’amphithéâtre Gros-Duruisseau. Sur un mur du couloir, l’artiste Fred Le Chevalier a conçu une fresque minutieuse en la coréalisant avec les lycéens dans le cadre du programme académique “Histoire de Bahuts”, qui nous permet de faire vivre et d’enrichir les collections pédagogiques et artistiques de l’établissement.
Les œuvres de Fred Le Chevalier se retrouvent à Paris, Angoulême, Londres, et un peu partout dans le monde. L’artiste souhaite « améliorer » les murs bétonnés des ville, en dessinant de « manière poétique ». F Le Chevalier a repris sa pratique artistique après son arrêt à l’adolescence suite à sa rencontre avec l’artiste Béatrice Myself. Cet ancien CPE développe un style reconnaissable enfantin et naïf à la facture raffinée. Il s’inspire dans sa manière de Picasso et de sa simplification des formes, elle-même nourrie par un goût pour les arts premiers africains, les masques notamment.
Les visiteurs se sont égrenés tout au long de la journée parfois relativement surpris par la qualité des présentations de nos médiateurs. Un programme à poursuivre et à enrichir !
Aude Renault