La Leçon d’anatomie des Visseurs de clous

Le tableau tel qu’on peut le voir au Mauritshuis en 2017.

Le Castelet des Visseurs de clous, et la reproduction du tableau de Rembrandt

La Compagnie des Visseurs de clous revient en cette fin d’année 2023 pour nous présenter son spectacle “La leçon d’anatomie”, d’après l’œuvre fameuse de Rembrandt. Œuvre exemplaire de l’Âge d’or des Pays-Bas, chef d’œuvre de clair-obscur baroque, le tableau a évolué dans sa lecture au cours des âges. Les comédiens nous propose ici une véritable leçon d’histoire de l’art mettant en scène un dispositif de monstration de l’œuvre qui rejoue, et sa structure plasticienne, et ses dimensions historiques et narratives.

 

 

De l’exposition au castelet, de la représentation picturale à la scène de boucherie, les artistes installent décor, images et boîte à malices la veille de la représentation, profitant de ce jour de mise en place pour introduire la forme spécifique qu’est la marionnette traditionnelle à gaine lors d’une séance commune aux premières spécialité arts plastiques et HIDA.

 

extrait de cette introduction face aux élèves :

Au Moyen Age on retrouve dans le théâtre de marionnettes des archétypes tels que le diable et la mort. Ce type de représentation est extrêmement populaire, sur un mode caricatural, ces règles sont souvent amorales et subversives. En Europe, plus précisément en Angleterre, Le personnage de Punch est introduit en Angleterre par un marionnettiste italien de Bologne, Pietro Gimonde, en 1662. Il renouvelle la vieille tradition de la marionnette à gaine anglaise. Punch était accompagné de sa femme Joan, une mégère qu’il battait régulièrement, et il était finalement emporté par le Diable – quoique, à la fin du XVIIIe siècle, il commençât à l’emporter même sur le Malin.”Dormez en paix braves gens ; le diable est mort profitez-en !”

A la fin du XVIIIe siècle, en France, Laurent Bourguet crée les deux personnages de Guignol et Polichinelle. Ouvrier en soie sa condition de canut ne lui permettant plus de subvenir aux besoins de sa famille, il part sur les routes pour devenir marchand-forain puis arracheur de dents. Mais les villageois tremblent en entendant les cris que provoque chaque dent arrachée. Bientôt plus personne n’ose s’approcher de la chaise du dentiste. Pour attirer la clientèle, Laurent Mourguet, va faire preuve d’imagination : il utilise la marionnette de Polichinelle, personnage très en vogue à cette époque, pour distraire les clients en leur racontant des histoires drôles.

Les passants s’arrêtent, tout le monde rit et cette humeur joyeuse apaise la douleur du patient. Laurent Mourguet devient l’ami du public et face au succès rencontré sur les foires et les marchés, il abandonne le métier de dentiste. Grands bonimenteurs, ces personnages se moquent du pouvoir politique ou religieux et vont jusqu’à défier la mort elle-même. Les guignolistes vont se déployer à Lyon entre 1808 et 1848 et devenir une grande tradition populaire de la ville. Elle se joue dans les cafés et les bars à la sortie des usines. Les ouvriers assistent nombreux à la Gazette de Guignol. Le théâtre développe une fonction et sociale et politique. La révolution de 1848 fait advenir la République, une république bourgeoise, où l’on paie son droit de vote. A lyon les révoltes sont plus importantes qu’ailleurs ; la culture politique y est davantage répandue issue des spectacles de G qui critique aussi bien le prix du pain que les personnages politiques en vogue. Prétextant la sécurité publique, on décide d’interdire Guignol, de jour, et en intérieur. Il se retrouve à la rue, littéralement.

Au XIXe siècle, l’urbanisation galopante pave les rues des villes et les halles. Plus de place aucune pour les marionnettistes, si ce n’est le jardin public, hygiénisme de l’espace public libre ; à 19h, il est impossible d’en entrer ou d’en sortir. Le public évolue ; ce sont les enfants, ceux qui ne travaillent pas, qui viendront assister au spectacle. Les codes de représentation passent de figures bêtes, méchantes, immorales à celles d’un spectacle de gags pour enfant.

Ce spectacle s’adresse aujourd’hui aux lycéens en rejouant ces codes sur des modalités qui redéploient toute l’ambiguïté des marionnettes dans un spectacle où histoire de l’art et vanité s’en donnent à cœur joie !

La section ART au grand complet était au RDV : enseignement optionnel théâtre, de la 2nde à la terminale, enseignements optionnels HIDA et arts plastiques en 2nde et enseignements de spécialité de cycle terminale en HIDA et arts plastiques, ainsi que 2 classes de seconde, 2GT6 et 2GT7 ont assisté à la représentation décoiffante d’un tableau dépecé en live sous les regards ébahis.

    

La représentation s’est achevée avec une rencontre des artistes en Bord Plateau qui a engagé des échanges animés et feuilletés.